Article du Courrier de l’Ouest, par Alexandre BLAISE

Sans activité depuis plus d’un mois, les salariés en insertion de la Régie de quartier Actif ont repris le travail, lundi, à Cholet. Entre gestion des espaces verts et nettoyage des HLM.

Cholet, quartier Jean-Monnet, mardi 21 avril. Aux espaces verts, Jean-Marc fait face à des herbes qui ont bien poussé, en un mois. Mais le salarié de la Régie de quartier Actif le jure : « C’est mieux de travailler que de rester entre quatre murs. »

Quel calme, rue Georges-Bizet. Quelle tranquillité, rue Le-Corbusier. Dans le quartier Jean-Monnet, au sud de Cholet, le confinement fait son oeuvre. Ce mardi matin-là, ils sont rares, les véhicules, à rompre le silence. Enfin, le quasi-silence. Au loin, à deux pas de la salle de sport Pierre-de-Coubertin, on entend les vrombissements d’une tondeuse à gazon. Un son qui s’est fait discret depuis un mois, et la fermeture de la Régie de quartier Actif. C’est d’ailleurs l’un des salariés de l’association, Jean-Marc, qui s’active derrière la machine. Il n’est pas le seul. Depuis lundi, une dizaine de ses camarades ont aussi repris le travail. Comme lui, ils sont épaulés par la régie de quartier, dont l’objectif est d’insérer des personnes des quartiers choletais (Bretagne, Jean-Monnet, Favreau-Les Mauges, Colline-Villeneuve) très éloignées de l’emploi : migrants, parcours compliqués…

« Pour beaucoup de salariés, nous sommes le seul lien »

Pour l’association choletaise, la reprise est bienvenue. L’annonce du confinement, le 17 mars, l’avait poussée à stopper l’activité de sa quarantaine de salariés en insertion, âgés de 22 à 62 ans. Chômage partiel, aussi bien pour ceux qui s’occupent des espaces verts, que ceux qui nettoient les cages d’escalier ou travaillent dans la jardinerie Truffaut. Trois jours plus tard, Annick Graveleau, présidente de la Régie de quartier Actif, avait pris la décision de renvoyer chez eux la dizaine de permanents et encadrants – tout en maintenant l’accompagnement à distance. Une décision sanitaire : Valérie Charrieau, directrice, venait d’être diagnostiquée positive au Covid-19.

Depuis, cette dernière – qui n’a pas été hospitalisée – a repris du poil de la bête. Et la régie a rouvert ses portes. Au moins en partie. D’abord avec un quart des salariés en insertion, donc, le matin. Ils seront peut-être le double dès la semaine prochaine.C’est du volontariat, commente Valérie Charrieau, masque sur le visage. Nous avons demandé à ceux qui avaient le moins de famille – pour éviter toute contagion – et à ceux à qui ça fait le plus de bien de recommencer. […] Pour beaucoup, nous sommes le seul lien.

Betty fait partie de la dizaine de salariés en insertion ayant repris le travail à la régie de quartier Actif. | CO – ALEXANDRE BLAISE

Jean-Marc en fait partie. Entre deux coups de tondeuse, il s’explique : C’est mieux de travailler qu’être à la maison, entre quatre murs. L’occasion est belle, aussi, de prendre l’air, dit-il, les yeux et la main gauche tournés vers le ciel. La peur du Covid-19 ? Non, ça va. Forcément, les herbes hautes et les pissenlits ne l’impressionnent pas plus. Mais j’avoue que ça a beaucoup poussé !

Même satisfaction, chez Betty. À 27 ans, celle qui habite dans un appartement, à Jean-Monnet, a repris le travail avec plaisir. On reprend le rythme du quotidien,
glisse-t-elle, au sortir d’un hall d’immeuble. Derrière elle, son chariot de nettoyage. Ne lui reste plus qu’un dernier coup de balai à passer. Pas plus ? La Régie de quartier Actif l’assure : ces dernières semaines, les habitants ont été « réglo ». On retrouve des quartiers plutôt propres, plus qu’à une autre époque, soulève Valérie Charrieau. Il y a un grand respect vis-à-vis de notre travail.

À ces habitants, la directrice a un dernier message à adresser : La régie a certes repris, mais il faut continuer de bien respecter le confinement. Le silence en sera l’une des preuves.

À savoir

Protégés de la tête aux pieds

Pour cette reprise, la Régie de quartier s’est préparée : gel hydroalcoolique, gants, blouses et charlottes pour les salariés du pôle propreté, tenues de travail nettoyées quotidiennement pour le pôle espaces verts… Et les masques ? Encadrants et salariés en insertion sont équipés. L’association choletaise Fraternité Migrants Sacré-Coeur leur a fabriqué 25 masques en tissus, lavables. Et Sèvre Loire Habitat, le bailleur social, a livré des masques jetables.